Lancement du projet REVPOL en faveur des pollinisateurs des milieux urbains

La Caraïbe insulaire est à l’heure actuelle considérée comme l’un des foyers de biodiversité les plus importants, mais aussi l’un des plus menacés au monde. Parmi les nombreuses espèces en déclin, les pollinisateurs et les plantes endémiques qui leurs sont liées font face à une menace bien particulière : celle des plantes exotiques, dont certaines peuvent devenir envahissantes.

De nombreuses plantes à fleurs exotiques ont été volontairement introduites dans les milieux urbains de la Caraïbe insulaire pour leur valeur esthétique, faisant peser une double menace sur la biodiversité locale. D’une part, ces plantes sont susceptibles d’attirer des pollinisateurs qui délaisseront alors les espèces végétales autochtones, dont la reproduction risque de s’en trouver amoindrie. D’autre part, les plantes exotiques ne sont pas forcément adaptées à toutes les espèces de pollinisateurs locales, et peuvent même leur être nocives. Conséquence : en milieu urbain, la diversité des pollinisateurs, tant phylogénétique (présence de groupes d’animaux variés) que fonctionnelle (capacité à polliniser diverses plantes) s’en trouve réduite. C’est en partant de ce constat que le projet REVPOL a été initié.

Le Tulipier du Gabon, importé pour ses caractéristiques esthétiques, figure parmi les espèces les plus envahissantes au monde. Il est toxique pour plusieurs espèces d’insectes.

REVPOL vise à améliorer les stratégies de revégétalisation en milieu urbain et périurbain (espaces verts, jardins, friches) dans les Antilles françaises. Il permettra la collecte de nombreuses données sur la façon dont certaines espèces de pollinisateurs, telles que des chauve-souris et oiseaux nectarivores ainsi que des papillons diurnes, pollinisent des plantes natives et exotiques. Réalisé avec le soutien financier de France Relance et de l’Office Français de la Biodiversité, le projet prévu pour durer 24 mois associe deux associations antillaises, AMAZONA et Caribaea Initiative, ainsi que l’Université des Antilles et l’Université de Bourgogne Franche-Comté. Il sera mené sur les territoires de communes du Lamentin en Martinique et de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, en collaboration étroite avec les administrations municipales.

Le projet s’inscrit dans une démarche originale de science participative : les citoyens pourront ainsi participer à la collecte des données en apprenant à reconnaitre certaines espèces de pollinisateurs grâce à des fiches d’identification qui leur seront distribuées. Ces observations permettront de comprendre l’importance de chaque pollinisateur pour chaque espèce de plante, et vice versa. Une partie plus expérimentale est également prévue, avec la plantation de différents assemblages végétaux dans des zones tests.

Les résultats attendus serviront à émettre des recommandations de gestion des espaces verts publics et privés dans les Antilles, notamment en termes de choix des espèces végétales. En effet, les préconisations actuelles en matière de végétation urbaine dépendent essentiellement de considérations paysagères et pragmatiques (par exemple en lien avec les caractéristiques de l’endroit concerné), et ne prennent pas en compte les interactions avec les pollinisateurs. Différents assemblages d’espèces végétales pourront ainsi être proposés, combinant des intérêts horticoles et des intérêts écologiques, menant notamment à la conservation d’une biodiversité urbaine de qualité.

 

 

 

Le projet REVPOL est mené en collaboration avec :

 

Le projet REVPOL est mené avec le soutien financier l’Union européenne – NextGenerationEU, de France Relance et de l’Office Français de la Biodiversité, dont la contribution s’élève à 143 160,00 €, soit 82 % du montant total.