Projet MERCI : En route pour les prochaines missions terrain en Dominique et Martinique

Le projet MERCI, qui vise à étudier les reptiles exotiques envahissants dans la Caraïbe insulaire pour anticiper les risques d’invasion et mettre en place des mesures de gestion, suit son cours dans les différents territoires concernés.

Six mois après la première mission de terrain à Sainte-Lucie et à la Dominique, une prochaine session alliant une nouvelle fois formation et prises de mesures est sur le point de débuter. Annabelle Vidal, qui s’est spécialisée dans l’étude des populations de lézards anoles au cours de ses travaux de doctorat, assurera à la Dominique la formation de cinq collaborateurs travaillant à la Forestry, Wildlife and Parks Division, notre partenaire gouvernemental sur place.

Marquage d’un lézard anole © A. Vidal

La mission débutera par un cours théorique expliquant la méthodologie employée pour suivre les populations de lézards par Capture-Marquage-Recapture. Cette technique consiste à capturer des individus sur le terrain et à leur apposer un marquage unique, grâce à plusieurs implants colorés disposés sous la peau de l’animal. L’individu relâché pourra ainsi être reconnu lors d’une prochaine capture.

Annabelle conduira ensuite les collaborateurs sur le terrain pendant plusieurs jours pour mettre en pratique la méthodologie enseignée. Deux types de sites seront sélectionnés : un habitat où seule l’espèce native Anolis oculatus est présente et un habitat où l’espèce native cohabite avec l’espèce invasive A. cristatellus. Les anoles de quatre sites (deux sites par type) seront capturés et marqués au cours de cette mission. Des sessions de recapture seront ensuite organisées toutes les deux semaines jusqu’en septembre 2022 par les collaborateurs nouvellement formés, afin de suivre les individus de ces sites.

Les données récoltées permettront d’estimer les trajectoires démographiques et d’étudier la survie des deux espèces de lézards : l’espèce locale Anolis oculatus et l’espèce invasive A. cristatellus. Cette dernière, originaire de Porto-Rico, a vraisemblablement commencé à coloniser l’île au plus tôt en 2014, précipitant le déclin de l’espèce autochtone A. oculatus. Les résultats permettront ainsi de mettre en évidence l’impact de la présence d’une espèce sur l’autre, et de mieux comprendre la menace que pose l’espèce invasive sur l’espèce locale.

Gecko tokay © LensOfTheNorth

En plus de cette étude en Dominique, une mission de trois semaines en Martinique est également prévue, avec des travaux axés cette fois sur les tortues Trachémys et le Gecko tokay. Ils seront conduits conjointement par Jeffey Mackenzy Paul, travaillant actuellement sur la dynamique d’invasion de ces tortues dans le cadre de son doctorat, et par Christopher Cambrone, un des coordinateurs scientifiques du projet MERCI.

Les autres activités du projet MERCI se poursuivent également, en particulier grâce au stage de trois étudiants de master. Stéphane Bance travaille actuellement à la mise en place d’une application mobile qui permettra de reconnaitre facilement les espèces de reptiles exotiques invasives, et surtout de pouvoir les différencier des espèces autochtones. Gloria Chance travaille sur le gecko nain, une espèce invasive en Guadeloupe. Elle s’attache notamment à déterminer sa distribution, son abondance relative et son régime alimentaire. Enfin, Norma Anthony travaille, en Dominique, sur l’impact de l’urbanisation sur la coexistence des deux espèces de lézard visées par la mission CMR, dont elle fera d’ailleurs partie. Elle a d’ores et déjà récolté de nombreuses données qu’il lui faut maintenant valoriser.

 

 

Le projet MERCI est cofinancé par le programme INTERREG Caraïbes au titre du Fonds Européen de Développement Régional